KLONE (& CANCEL THE APOCALYPSE) : Les tumultes et la plume… – Mardi 27 juin 2017 – Toulouse, American Cosmograph –

Telle une savoureuse parenthèse entre l’hystérie du Hellfest et le grand break toulousain de l’été, nous voici conviés à une soirée particulière : classieuse, intense, mystérieuse et enveloppante.

Près de 250 métalleux se sont donnés rendez vous en ce mardi soir de fin juin dans la grande salle d’un petit cinéma cosy du centre ville, le délicieusement nommé American Cosmograph.

Devant l’endroit, baroque à souhaits, les conversations vont bon train tandis que la porte de la salle reste encore close. Lorsque nous investissons le lieu avec une bonne demi heure de retard, celui-ci dévoile devant l’écran et autour de la petite scène, une rambarde de type castillan dont seul l’escalier central ne semble pas obstruer la vue ni faire obstacle. C’est d’autant plus déstabilisant que l’on sait que les deux groupes de la soirée seront assis, l’exercice acoustique rimant à l’accoutumée avec position statique…

Cette inquiétude sera vite dissipée dès les premières notes des garonnais de CANCEL THE APOCALYPSE. Si l’on est vite rassuré sur la qualité du son dans la salle, l’aspect visuel s’avère certes particulier mais renforcera tout au long de la soirée une certaine forme d’onirisme entre le public et les artistes.

Entre deux musiciens classiques bordelais et deux représentants de la scène hardcore/métal toulousaine, c’est à un cocktail unplugged des plus improbables auquel nous sommes conviés en ouverture de cette belle soirée. Bercé par les arpèges de la violoncelliste Audrey Paquet et les accords du guitariste classique Arnaud Barat, nous voici tour à tour déstabilisés puis conquis par l’incandescence de cette fusion improbable rythmée par les percus de Hélios Mikhaïl et enrichi par le timbre écorché de Matthieu Miegeville qui confère à cette improbable fusion plusieurs couches d’une exquise profondeur.

Très surprenant au premier abord, les divers éléments qui composent cette œuvre se marient à la perfection. Audacieux, mais pourvu d’une véritable identité, le concept trouve un parfait équilibre entre élégance des mélodies, breaks inattendus et fougue bouillonnante servies par un organe tout en screams puissants et sensibilité à fleur de peu (écoutez Candelights).

De retour sur nos confortables sièges de velours (au tout premier rang!) après un détour talk et boissons dans le rue, nous voici fins prêts pour le voyage.

Ce soir, nous avons la chance de découvrir KLONE en config’ à cinq, l’excellent batteur/percussionniste Romain Berce venant apporter une magie supplémentaire à la formation, libérant ainsi Armelle Dousset de sa partie percus et lui permettant d’enrichir et de désincarner encore davantage les mélodies grâces à de parcimonieuses et subtiles interventions au clavier mais surtout à l’accordéon….

Ce qui frappe d’emblée, outre la pureté crystaline du son, c’est une cohésion absolue entre cinq partenaires qui ne font qu’un pour nous offrir une palette émotionnelle absolue que nous n’avions jusqu’alors connue qu’à travers des artistes à la sensibilité chairdepoulesque tels que Peter Von Poehl, Anneke Van Griesbergen, Anathema ou encore Steven Wilson.

Outre ces ambiances feutrées, ce set apaisé nous transperce de sa palette émotionnelle multicolore, nuancée, éthérée à souhaits. Nous en perdons la notion du temps tant cette fragilité ouatée transcende nos âmes. Nous voici en quasi lévitation. Difficile de se concentrer sur les photos tant le groupe se met à nu. Les orléanais dépouillent leur répertoire avec une maestria absolue qui sied à merveille à cette authenticité à fleur de peau. Doté d’un aspect plus progressif chaque note nous enveloppe d’un charme ouaté d’une ampleur rare.

Comment rester à quai tant l’invitation du quintet touche droit au cœur un public sous le charme, quasi en lévitation et qui ne demande qu’à monter à bord. Le virage atmosphérique pris par le groupe depuis 2015 semble deux ans plus tard trouver son apogée à travers cette tournée et cet album unplugged quasi magique. Klone réinvente là un concept qui vécu ses plus belles heures grâce à MTV au début des 90’s grâce à des groupes tels que Nirvana, Alice in Chains mais aussi Pearl JamKiss ou Aerosmith.

Portés par le chant en voix claire de Yann Ligner, bluffant de maîtrise et de sensibilité, le groupe revisite ces titres les plus touchants et leur donne de nouvelles couleurs. Avec Nebulous, Klone nous offre un voyage en planeur. Les paysages s’avèrent sublimes, le monde apaisé et majestueux, comme si la nébuleuse dissipait tous les brouillards…  L’émotion s’empare du public. Sur Immersion, certains ont les larmes aux yeux. L’intimité avec le public s’avère totale…

Aux guitares acoustiques, Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino oublient les distorsions et coordonnent merveilleusement leur parties de six cordes en des réarrangements saisissants (écoutez cette version épurée de Rocket Smoke).

Cueillis d’emblée par sa performance faite de pudeur et d’assurance, nous voici en suspension quand Yann nous convie une nouvelle fois au voyage à travers la sidérante reprise du People are People de Dépèche Mode dont la densité et le dépouillement n’ont d’égale que la puissance émotionnelle qu’elle dégage et qui nous bouleverse.

Ce sentiment d’authenticité, nous le retrouveront à travers chaque titre (Come undone, Grim dance…) Il n’y a pas de faiblesse dans ce set cohérent où nous aurions presque envie de nous dandiner sur  Gone up in flames. Yann nous bluffe; fermez les yeux et vous pensez forcément à Sting tant ses intonations sont similaires. Ce dernier n’aurait d’ailleurs pas renié la toute nouvelle chanson du groupe (The silent field of slaves) qui irait comme un gant à l’ancien chanteur de Police!

Sans filet, le groupe nous a offert un moment d’anthologie, un set poignant empreint de modestie et d’authenticité en totale intimité avec le public. Une performance rarissime dont nous sortons abasourdis et plus légers, telle une plume refusant de se poser face aux tumultes de l’existence…

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Chronique et Photos : Tweety

Merci à Julien Oliba, Klone, Cancel the Apocalypse et Mathpromo.

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LES PHOTOS JATA DE KLONE :

LES PHOTOS JATA DE CANCEL THE APOCALYPSE :

9 Réponses to “KLONE (& CANCEL THE APOCALYPSE) : Les tumultes et la plume… – Mardi 27 juin 2017 – Toulouse, American Cosmograph –”

  1. Le titre m’a fait cliquer …. 🙂
    Très bonne chronique, vu ce que tu en dis, j’aurais vraiment aimé prendre part à ce concert. J’adore la manière dont l’ambiance de ta chronique est complétée par tes photos.
    Le début et les photos m’ont d’ailleurs fait penser à un texte que j’avais écris il y a quelques années. (comme je suis un branque, je l’avais fait lire en physique à quelques un et ne l’ai mis en ligne que récemment).
    http://mube.skyrock.com/3292178258-Le-club.html

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  2. Teresa Pinto Says:

    Thierry, t’es déjà en mode break toulousain? Toulouse ne m’a pas semblé en break au Rock Fest😈 Et il y aura aussi une belle troupe au Leyendas del Rock! Et pour les plus costauds…MILAGRE METALEIRO🤘🤘 Allez, viens liker notre page, ça donnera envie à Jata Live de venir faire encore plus de belles photos! À bientôt!

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  3. Corinne Royo Says:

    Cette soirée était juste parfaite!… Super report, et tu as fais de très belles photos de la soirée!

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  4. Très belle chronique qui montre bien à quel point ce concert devait être surprenant et rempli d’émotions. Je ne connaissais le groupe que de nom, j’irai donc y jetter une oreille plus attentive.

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  5. Merci. J’aurai aimé y être. Super que beaucoup de monde ait fait le déplacement.

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  6. Surprenant, et envoûtant en effet. Tres belle chronique Titi, tout en légèreté et en lévitation…

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  7. Klone, c’est vraiment TOP…

    Leur Unplugged est juste ENORME 🙂

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  8. …je m’en veux de les avoir raté sur cette tournée…ça avait l’air vraiment top dans cette formule acoustique…

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  9. Je te le confirme JM ! A voir absolument !

    Merci pour ce très beau report.

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