MASS HYSTERIA : Déflagration salvatrice (+ GOROD) –Samedi 14 Novembre 2015 – Toulouse, Le Bikini –
Il le fallait, cette soirée devait être maintenue. C’était nécessaire, crucial, primordial. La déflagration d’hier voguait dans toutes les âmes. Elle occupera longtemps nos esprits. Chaque salle de concert vivra désormais avec la mémoire du Bataclan. Ce vendredi 13, tournant de notre histoire, hantera désormais à tout jamais chacun de nos concerts. La communauté rock et métal au sens large se sent particulièrement concernée. Les membres du groupe ont perdu des potes, nous connaissons tous quelqu’un dont un proche a un ami parmi les victimes.
Habitués des concerts, l’identification est telle qu’elle résonne comme un sursis, comme une violation de nos acquis les plus fondamentaux. En frappant l’innocence, les passions, la légèreté, la déflagration d’hier résonnera toujours comme l’éternité de l’instant.
Debout, sans panique, dignes, il ne fallait pas capituler, reculer. Ce n’est pas le style de Hervé Sansonetto et des responsables du Bikini. C’est encore moins la volonté de ce groupe essentiel qui érige l’étendard de la fraternité depuis des décennies par la voix et les textes de Mouss : « Nous maintenons le concert, non pas par indécence ou irresponsabilité mais au contraire par respect pour nos valeurs, la liberté et bien sur les victimes » Positif à bloc! Comment encore le proclamer, le rester, sinon le fantasmer. La parcelle de vie qui suivra démontrera que le hasard fait parfois bien les choses. En mémoire de toutes les victimes directes ou indirectes, pour tous ceux qui n’ont pas reculé, continuent à espérer, qui se dressent devant la monstruosité ambiante et sont rongés par une révolte intérieure, ce concert ne pouvait pas mieux tomber. Il restera longtemps gravé dans la mémoire des aficionados de la Furia telle une inoubliable déflagration d’humanité!
Nous sommes donc environ 800, peut être 850 quand Gorod entre en scène… Personne ne semble avoir la patate. L’ ambiance est lourde malgré les nombreux jeunes présents ce soir. Il règne comme une amertume palpable. Le Bikini semble se liquéfier, comme si le taux d’oxygène était juste à niveau, insuffisant pour se mouvoir…
Le groupe de death metal technique nous revient avec un nouvel album A Maze of recycled creeds salué telle une véritable réussite dans le genre et qui n’a rien à envier aux plus grands (Nile, Atheist...). Leurs morceaux sont d’une complexité rare. Le titre Celestial Nature est une petite merveille commençant par du brutal death avant d’évoluer vers des passages plus jazzy. Le public en reste bouche bée. Les deux guitaristes Mathieu et Nicolas, grands virtuoses s’il en est, nous livrent de superbes duels et autres solis. Mais celui qui impressionne le plus, c’est Barby leur bassiste sosie de notre pote Pierrot. Ce soir, il a renvoyé à leurs études tous les passionnés de cet instrument présents dans la salle. Un bon petit classique (The call to redemption) pour terminer, histoire de mettre fin à la léthargie générale, provoquant ainsi les premiers petits pogos de la soirée. Même si le chant growlé parait trop systématique et peut manquer de nuances, Gorod a encore une fois marqué des points et continue de s’affirmer comme une valeur sure de la scène française dans un style certes cloisonné, destiné à un public de connaisseurs.
Mon ami et batteur des Mass, Raphael Mercier écrira ceci deux jours après le concert : Apprendre en plein premier show que des amis et collègues sont en train de se faire massacrer dans une salle de concert que nous aimons tous… Terminer le concert sans conviction et découvrir l’ampleur de l’horreur à la fin… Se poser des questions, jouera demain ? Arriver au Bikini et apprendre que la salle souhaite maintenir et se dire que oui, il faut jouer ce soir et il faut jouer demain aussi. Il faut continuer et ne rien lâcher… Même si c’est dur, même si une partie de nous se dit qu’on rentrerait bien auprès de nos familles et amis. Mais putain je suis heureux que nous ayons pu maintenir les concerts de Toulouse et Bordeaux, car nous en avions besoin, et le public, nombreux, en avait besoin aussi. On avance et on ne lâche rien !
Pour nous, fans, public, médias ou les trois à la fois, cette tranche d’humanité va s’avérer bien davantage qu’un concert. Quand les cinq membres du groupe investissent la scène du Bikini, ce sont comme des amis proches qui viennent nous dire : on est avec vous, vous êtes avec nous, nous sommes tous des rescapés….
Mais pas besoin de bla bla… Politisé, altermondialiste, Mouss aurait pu nous abreuver de discours. Ce n’était pas le moment. Quelques mots simples, discrets, subtils par rapports aux événements, rien de plus! Tout est dans l’attitude, dans les regards, marqués, humides, heureux et mélancoliques. Tout est surtout dans la rage des riffs de Yann et Fred, dans la frappe monumentale et dévastatrice de Raph. Tout devient vite proximité, mains tendues, poignées fermes et sourires fraternels…
Mais encore plus, tout réside dans le message, dans les textes : On survit en surface, touché n’est pas coulé. On n’est pas des rebelles, on est révoltés! (Chiens de la casse -2015-) … Le diable est dans les détails Soyons vigilants ! Discours fleuves à boire à la paille Buvons dissident ! Des idiots foutent la pagaille Ça c’est de tout temps Gouvernés par la racaille Ça c’est déprimant ! (Vae Soli -2015-) Les temps ne sont plus aux larmes, aux regrets de ce qui fut. Nous avons reçu pour armes, l’espérance et le refus ! (L’espérance et le refus -2015-).
Ce ne sont là que de courts extraits du dernier monumental album Matière Noire. Mais que rajouter de plus que ce constat prémonitoire et définitif: Le fanatisme est un suicide lent La folie voit les choses en grand Je cherche un soutien solaire Rien qui ne juge comme un sourire d’enfant Tout amour vaut de l’or-dinaire On s’en sort grâce à ces instants Si l’enfer des dieux C’est leur amour des hommes Si l’enfer des hommes C’est leur amour des dieux ! (L’enfer des Dieux -2015-)… Tout est dit… C’est un peu comme si ce sens prémonitoire avait fait basculer MASS HYSTERIA dans l’ultime chapitre de leur histoire.
La déflagration est double. Elle prend sa source sur scène et se poursuit dans la salle. C’est comme si la catastrophe d’hier avait démultiplié les ardeurs au son des textes prophétiques de Mouss. Ces incantations prennent aux tripes et vous aplatissent telles un rouleau compresseur sans pour autant endiguer votre propension à vous mouvoir au son de riffs ciselés, entêtants ou martiaux. Ces rythmiques groovy et hypnotiques nous propulsant dans un tourbillon frénétique. Chaque personne semble sortir de son corps et dispense une envie absolue de profiter du privilège qui nous est offert. Nous sommes encore en vie et nous allons le hurler (il y aura deux fois une minute de bruit absolu en hommage…), nous allons l’headbanger, le pogoter avec rage, le slammer, le stage diver.
Quand Mouss et Yann investissent le parterre, c’est un immense circle pit qui les entoure. Si nous avions pu, celui-ci se serait fondu en heart pit tant les gestes de précaution sont légion. On tombe, des gens nous relèvent. Il y a une attention des uns envers les autres de tous les instants. Certains jeunes gens vivent là leur premier concert. Des étoiles pleins les yeux, ils en ressortiront enivrés, conquis, chamboulés. Nul doute que leur malaise à la découverte des visages de nos disparus résonnera avec une incrédulité de circonstance devant l’étendue de l’injustice…
Par bonheur, on ressent moins les samples et séquences qui font aussi l’ADN de la musique de MASS HYSTERIA. De monumentaux riffs parfois thrashisants nous emportent dans des accords décapants et jouissifs à souhaits. Le son s’avère clair et monstrueux. Il sert à merveille ces joyaux bruts et ciselés. La foule se déchaîne tant et si bien que certains slammeurs s’accrochent. Ces doubles slams ont pour incidence de faire plier nos frêles bras qui les supportent. Pas de bobos toutefois tant le public s’avère précautionneux malgré la furie qui fait rage dans la fosse. Chaque chanson résonne comme un brûlot qui nous emporte toujours plus loin dans le lâcher prise. Nous en avions tant besoin; nous les accueillons telles des offrandes. Les classiques sont aussi de la fête et viennent puiser encore plus de folie dans cette source d’énergie qui semble intarissable (Babylone, Une somme de détails, Contradiction, Donnez vous la peine). C’est l’anniversaire de Raph! On oublie quelques instants les circonstances et les chants résonnent dans le Bikini. Mouss nous offre la Vodka, même les verres! Il en distribue quelques uns ça et là puis nous propose la bouteille qui circule dans le pit.
Toutes les filles sont invitées sur scène sur Respect to the danc floor. Une quarantaine investissent les planches. Sylvie se lâche, elle n’est pas la seule! Toutes se dandinent comme si Steel Panther était dans la place, Boobies views en moins… Hey, j’ai l’impression d’être le frontman de Mötley Crüe, nous lâche Mouss qui récolte des dizaines de bisous… De petites références sont parfois de sortie : AC/DC, Slayer, Metallica, Kiss…. Quelques notes et puis s’en vont. Elles contribuent aussi à susciter les sourires. Positif à bloc!
Que dire enfin de l’intronisation d’un véritable hymne taillé pour le live? Mission accomplie tant, Plus que du métal tire la quintessence de notre passion et nous propulse dans le tourbillon de cet univers familier, quotidien, viscéral, à tel point que le titre est à l’origine du Wall of Death le plus impressionnant de la soirée.
Comme toujours, Furia ajoute l’ultime grain de folie dans le pit et parachève le jusqu’au boutisme d’une communion dont la chaleur n’aura d’égale que la réponse positive, festive, prévenante et dénuée de peur du public toulousain face à la barbarie aveugle de l’intégrisme décérébré dont furent victimes nos collègues parisiens.
La communion se poursuivra après le set. Comme à son habitude, le groupe nous rejoint vite dans la salle et partage, communique, bois, signe, prend la pose avec ses admirateurs. C’est le deuxième date de la tournée et déjà Matière Noire est épuisé au merch!
Nous avons la chance d’être toujours vivant, on continuera à vivre et à se battre. Mouss le chante lui-même : La joie comme vengeance… N’oublions jamais que nous faisons partie de ceux qui bouffent la vie ! (Vae Soli -2015-)
L’un (le?) des concerts les plus marquants de l’année, véritable déflagration … d’humanisme.
________________________
Chronique, photos, mise en page : Titi
Partie Gorod : remerciements à Conan Akiro
Un immense merci à MASS HYSTERIA, à RAPHAEL MERCIER, à ROGER WEISSIER et à toute l’équipe de Bikini!!!!
________________________
LES VIDEOS DE CE CONCERT :
La video de Winter témoignant de l’ambiance ce soir au Bikini….
LES PHOTOS JATA DE MASS HYSTERIA ET LA SET LIST :
This entry was posted on 15 novembre 2015 at 19 h 29 min and is filed under MASS HYSTERIA Toulouse 14.11.2015 with tags Concert, FRED, GOROD, HARD ROCK, LE BIKINI, Live, LIVE REPORT, MASS HYSTERIA, METAL, MOUSS, PHOTO REPORT, photos, PHOTOS REPORT, RAPHAEL MERCIER, REPORTAGE PHOTOS, set list, SET LIST MASS HYSTERIA, TOULOUSE, VINCE, YANN. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
17 novembre 2015 à 14 h 35 min
chapeau titi tu ne pouvais pas mieux decrire cette soiree speciele et inoubliable merci !!!
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 18 h 19 min
Super report Thierry!
Merci à toi pour ce bel hommage au groupe et à cette soirée émouvante… qui aura marquée, j’en suis sûr, tous ceux qui l’ont vécu…
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 22 h 04 min
Enoooooooooorme concert des Mass !!!! Je saoulais encore des potes avec hier…poils dressés rien qu’à y repenser….merci à vous toutes zé tous d’être venu(e)s ce soir-là, un grand moment de partage inoubliable !!! Merci du report 😉
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 22 h 59 min
Tellement bien écrit ! Moi qui étais venu sans trop connaitre le groupe, j’ai passé une des meilleures soirées de ma vie! Vraiment le défouloir qu’il nous fallait
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 00 min
Partage obligé, poils dressés au souvenir de ce mémorable concert et moment de partage….Metal libre je t’aime tant
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 09 min
Et dire que j’ai pas pu venir pour une perte ou un vol de porte-feuille (heureusement ma Carte d’identité et mon permis n’était pas dedans, mais j’ai eu tout le reste à refaire)….
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 10 min
Nous étions la.
Pour rester libre.
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 12 min
Nous étions la.
Pour défendre la liberté.
« L’énergie libre »
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 16 min
Merci beaucoup Thierry ! C’était un super concert et c’est le premier d’une longue liste! L’article est vraiment très bien et de qualité, merci beaucoup encore !
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 17 min
Un super article et de très belles photos ! Un beau travail !
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 23 min
Très beau report Titi !
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 26 min
Merciii jata!
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 29 min
Beau récit, belles photos. Ça fait du bien en ce moment, merci Titi !
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 30 min
Très bon report … Sur Paris, Marilyn Manson et les Backyard Babies ont été malheureusement … Tout comme Papa Roach a l’Olympia.
J’aimeJ’aime
17 novembre 2015 à 23 h 32 min
bonne critique dans le respect des tristes circonstances…
Long Live R&R
J’aimeJ’aime
18 novembre 2015 à 9 h 46 min
un grand report pour un concert marquant……………………..
KEEP ON ROCKIN’ IN A FREE WORLD!!!!!!!!
PEACE on U
J’aimeJ’aime
18 novembre 2015 à 11 h 10 min
Merci Thierry
J’aimeJ’aime
18 novembre 2015 à 16 h 53 min
C est une très belle chronique, très poétique, chaleureuse et émouvante et un très bel hommage…
J’aimeJ’aime
18 novembre 2015 à 21 h 26 min
Super article!!! Et merci pour la photo tu me rendras célèbre !
J’aimeJ’aime
18 novembre 2015 à 21 h 30 min
Merci mille fois pour cette superbe chronique Thierry , merci !
Yann Mass Hysteria
J’aimeJ’aime
19 novembre 2015 à 0 h 40 min
Frederic Dargent Super report, merçi Thierry!
J’aimeJ’aime
19 novembre 2015 à 13 h 11 min
Très beau texte Thierry!
J’aimeJ’aime
19 novembre 2015 à 13 h 13 min
Effectivement, « l’enfer des dieux » (2015) c’est parlant et si juste!
J’aimeJ’aime
19 novembre 2015 à 14 h 59 min
THIERRY
Quel reportage !!!! Poignant !!
J’ai particulièrement retenu :
barbarie aveugle de l’intégrisme décérébré .
on survit en surface, touché n’est pas coulé.
nous sommes tous des rescapés .
véritable déflagration d’humanisme .
sans parler de tout ton reportage sur les musiciens !
et vive la fiesta !! et vive la vie !!!
J’aimeJ’aime
20 novembre 2015 à 8 h 14 min
Un hymne à la liberté . Merci Thierry .
J’aimeJ’aime
20 novembre 2015 à 13 h 42 min
WoW enorme !
J’aimeJ’aime
20 novembre 2015 à 14 h 05 min
je n’y etais pas mais ça remonte le moral de lire ce genre de choses
…des amis à moi y etaient….
J’aimeJ’aime
20 novembre 2015 à 21 h 30 min
Je reconnais que j’en ai pas lu beaucoup, mais celle-ci est (pour ce que j’en connais) la meilleure que tu ai écrite. Tu as su capter et transcrire l’émotion si particulière de ce moment. Tu devrais faire dans le journalisme… Les paroles de chansons sont très bien choisies également. Merci de m’avoir fait partager ce concert.
J’aimeJ’aime
21 novembre 2015 à 6 h 21 min
Pas fan du groupe et du style de musique mais bravo Titi pour ta chronique et tes mots choisis au lendemain de ces actes barbares !
J’aimeJ’aime
22 novembre 2015 à 19 h 59 min
Sympa le report même si je ne suis pas forcément d’accord avec le « on ne pourra plus jamais assister à un concert sans penser au 13 novembre ». Je pense que je n’aurais pas besoin d’un concert Metal pour y penser, et justement je ferais des concerts sans y penser, en m’éclatant juste. Les sources de cet attentat sont profondes et ne touchent pas que les concerts. Mais bon je ne vais pas m’étaler ici pour ne pas effrayer les gentils metalleux toulousains 🙂
J’imagine qu’il n’a pas dû être facile d’assister à un concert après ce 13 novembre sanglant, que l’ambiance a du être particulière, bizarre, ou au contraire puis puissante, plus forte de sens… Je trouve le comportement de Mass Hysteria vraiment cool, connaissant les gars et leurs bords politiques je les aurais imaginés faire plus de blabla à la con. Je pense qu’ils ont eut le meilleur comportement possible, à la fois fort et respectueux. Et je trouve bien que des groupes ne se laissent pas abattre ainsi et maintiennent des concerts, tous ce font pas ça… Mes pensées se tournent vers U2 qui visiblement a une grande gueule mais malheureusement sans croc
J’aimeJ’aime
23 novembre 2015 à 12 h 01 min
Je serais sobre mais je tiens à dire simplement que c est une superbe chronique..
J’aimeJ’aime
29 novembre 2015 à 22 h 16 min
Super critique du concert!!
J’aimeJ’aime
30 novembre 2015 à 11 h 43 min
Encore une bonne soirée de respect,partage,tolérance. …merci encore à mass hystéria, au bikini et aux furieux et furieuses…
J’aimeJ’aime
30 novembre 2015 à 11 h 47 min
Cool ton article sur mass hysteria ! Un pote les a vu a orleans samedi dernier …
J’aimeJ’aime
30 novembre 2015 à 11 h 51 min
J’ai lu la chronique avec beaucoup d’attention et d’émotion, du regret de ne pas avoir pu y être (mais franchement j’avais pas trop le choix) et j’ai pleinement ressenti l’importance du moment que vous avez vécu. Maintenant j’attends mon premier concert de la nouvelle ère pour Ghost.
J’aimeJ’aime
30 novembre 2015 à 11 h 58 min
Superbe chronique de concert Titi, tu as tout dit entre MASS HYSTERIA et UFO. Superbe hommage aux victimes.
J’aimeJ’aime
15 décembre 2015 à 11 h 47 min
Merci Thierry pour cet article qui fait chaud au coeur après ce week-end si affreux …
J’aimeJ’aime
15 décembre 2015 à 13 h 34 min
MOUSS s’exprime dans l’humanité :
Mouss Kelai, leader du groupe de metal, Mass Hysteria, nous a adressé ce texte de résistance en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre à Paris.
Vendredi 13 novembre 2015
8h00 : Porte de Montreuil, départ pour Tulle.
Nous avons rendez-vous avec toute l’équipe, musiciens et techniciens, cela fait six mois que nous préparons cette tournée qui va durer au moins deux ans.
Nous attendons tous ce jour avec impatience, c’est le top départ d’une nouvelle aventure humaine, synonyme de partage, de joie avec le public.
Sensible, aux signes je voyais dans le nom de la salle un heureux présage pour commencer la tournée.
« Des lendemains qui chantent »…
13h17 : Arrivée sur place. Accueillis par l’équipe de la salle, avec le sourire et un repas chaud, l’accueil d’artistes à la française !
18h00 : Des litres de café plus tard, tout est prêt. Le son, les lumières, la billetterie, le bar. Tout s’est passé sans encombre et l’ambiance est calme et tranquille.
19h00 : avant de passer à table, l’équipe de la salle offre un apéro, comme c’est la tradition dans toutes les salles de France ! Nous sommes dans la joie de bientôt pouvoir offrir du bonheur au gens.
22h15 : Le bruit du public impatient se fait sentir ! L’intro de notre concert commence et les cris se font de plus en plus forts. L’adrénaline monte, c’est ce moment précis qui est magique ! On entre en scène, l’excitation est à son comble, c’est parti pour 1h30 d’hystérie positive !
22h17 : Au Bataclan et dans Paris c’est la guerre…
22h35 : Nous venons de finir notre chanson : « L’Enfer des Dieux ». Voici les deux premiers vers, et j’aurais tout donné pour qu’ils soient moins prophétiques (prémonitoires ?) « Le fanatisme est un suicide lent, la folie voit les choses en grand. » À ce moment, un ami dans la salle hurle : « Mouss ! Il y a une prise d’otage au Bataclan, il y a des morts ! » Stupeur, je n’ose comprendre. Au micro je lui demande de répéter, il est policier je ne peux que le croire… Le temps s’arrête. On se regarde tous dans l’incompréhension la plus totale.
Mon batteur me dit : « On enchaîne !! ». On finit le concert en automatique, groggy, sonnés debout, portés par le public qui, comme nous, ne mesure pas encore l’ampleur de l’horreur sans nom qui se déroule à Paris. On veut finir vite pour appeler nos femmes, nos enfants et nos amis qui sont au Bataclan.
00h05 : Le concert est fini, pas un spectateur n’a quitté la salle… Retour terrible à la réalité. Nous avons nos téléphones saturés d’appels, des amis de partout veulent s’assurer que tout va bien pour nous, les mauvaises nouvelles s’enchaînent et quelques rares soulagements, certains sont vivants, blessés, choqués, mais vivants !
02h00 : Nous sommes tous réunis dans une chambre d’hôtel à parler jusqu’au petit matin, dévastés par le chagrin, la colère, la sidération et l’incompréhension.
Comment envisager la suite ? Comment faire face à tant de barbarie ? Quelle position citoyenne adopter ?
Faut-il rentrer à Paris auprès de nos familles meurtries ou maintenir le concert demain à Toulouse ? Pas par indécence ou irresponsabilité, mais par respect, respect pour nos valeurs, pour la liberté que nous chérissons, pour nos amis tombés qui auraient aimé que nous restions debout et continuions le combat, car, oui, ce 13 novembre, la musique est redevenue un acte militant !
Samedi 14 novembre 2015
9h00 : Au petit déjeuner, l’ambiance est solennelle. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que nous ressentons à cet instant.
Nous prenons la route pour Toulouse, prêts à défendre notre volonté de jouer pour ne pas plier !
Nous n’aurons pas à le faire, les équipes du Bikini sont de notre avis, le public que nous avons informé via les réseaux sociaux aussi ! Tous unis, nous voulons maintenir le concert comme un acte de résistance, le bruit et la vie face au silence et la mort, un leitmotiv !
Toulouse avait déjà subi un traumatisme avec l’affaire Mohamed Merah, les habitants se sont mobilisés, plusieurs personnes se sont rendues à notre concert sans connaître notre musique, mais pour soutenir un acte d’insoumission, militant.
La psychologie d’un concert habituel est bouleversée. La jovialité et la passion sont en berne. Je ne sais pas comment aborder le concert.
Quoi dire ? Comment exprimer l’horreur ?
Sans trop réfléchir nous entrons en scène et bien sûr le moment fort sera sur la chanson « L’enfer des Dieux » dédiée aux victimes et proches des victimes.
Nous lancerons alors à la fin du morceau une minute de bruit au lieu d’un silence. La foule a hurlé à pleins poumons, unie, fraternelle, son ode à la vie, l’exutoire d’un instant !
Si nous doutions de notre décision, de la place de la musique face à l’horreur, ce seul instant a suffi…
J’ai vu des personnes se prendre dans les bras et pleurer, c’était déchirant et émouvant.
À cette heure nous sommes tous des résilients et petits soldats de la grande armée des ombres… Nous entrons en résistance !
J’aimeJ’aime
31 décembre 2015 à 23 h 58 min
Titi ton article est bouversant . Merci pour ton hommage aux victimes , à l`audience , à la music , à notre r n r , à Mass . Je ne peux même pas m imaginer vivre l horreur .
Tes articles sont bons mais celui ci est affreusement grandiose et qui de mieux que pour Mass Hysteria et leurs Textes …
J’aimeJ’aime
29 avril 2016 à 12 h 01 min
Titi reportage très touchant… D’autant que mon épouse est décédée le 7/11 et que ma fille se trouvait à Paris du 11 au 13 , dans les quartiers touchés … Bel hommage.
J’aimeJ’aime
2 juin 2023 à 19 h 44 min
Superbe article, et merci pour le partage de mes vidéos. Une soirée qui restera longtemps dans nos mémoires.
Yvan.
J’aimeJ’aime