Avez-vous déjà blessé un de vos meilleurs amis sans y prendre garde? Lui avez vous fait si mal sans vous en rendre compte qu’il se souvient de l’instant vingt ans plus tard comme si vos mots, vos rires narquois et autres sourires sarcastiques résonnent encore en son fort intérieur?
Six ans, cela faisait six an que Charlélie Couture ne s’était pas produit dans la ville rose. Quelle importance me direz vous! Cela aurait pu en effet être la réflexion qui me serait venue à l’esprit quelques mois plus tôt! J’étais alors ignorant de tout ce qui était spécifique à cet artiste tandis que les fans, les vrais, se languissaient…
Un peintre, un écrivain, un photographe, un musicien, un chanteur sur lequel je ne m’étais jamais arrêté… Jusqu’à ce que …
Il y a moins d’un an, je décidais de suivre mon ami Alain, grand fan du nancéien, à Montauban. Charlélie se produisait au festival Alors chante! Sage décision qui témoignait d’une ouverture d’esprit, d’une curiosité qui n’était en aucun cas l’apanage de l’adolescent que j’étais à la fin des années 80.
Comment oublier ce soir où je le blessais aux larmes. C’était à la fin d’un concert de Lavilliers, l’artiste majeur que nous avons en commun. Comme d’habitude, nous avions adoré la prestation. Or, moi même et mon ami Pascal, fans de rock au sens large et de hard rock en particulier, pouffions de rires moqueurs envers l’un des artistes préférés d’Alain : un autre Alain… Bashung! Ça aurait aussi bien pu être Charlélie ou Louis Chédid, que mon ami admire.
Presque deux décennies plus tard, le visage et la stupéfaction de mon pote en disait long quand, par hasard, nous nous retrouvions nez à nez lors d’un concert de Bashung, devenu depuis une icône incontestée. Première petite revanche pour lui sur cette anecdote cruelle du passé. J’avais depuis compris que son artiste méritait le respect.
Tout comme celui que je découvris à Montauban et qui me transporta à tel point qu’il était hors de question que je ne sois pas au premier rang de son retour dans l’écrin toulousain du Bikini.
Je n’imaginais pas à quel point son univers frappé du sceau de la chanson française était en fait on ne peut plus rock dans l’âme. Peu le savent d’ailleurs et me voici sur JATA pour vous le hurler : Mr Charlélie Couture est un artiste rock! Rock blues pour être plus précis mais ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre, pas non « plus chanson française typique », il est à part, il est Charlélie, un prénom rare et unique, un artiste atypique à l’organe et aux aspirations si particulières…
Comme à Montauban, durant près de deux heures trente (oui, 150 minutes!) secondé par un groupe de quatre musiciens absolument parfaits, on en prendra plein les cages à miel! Décor minimaliste mais soigné (du bois associé à des rubans jaune type ‘Police line, do not cross’), l’artiste entre en scène sous les ovations d’un Bikini où environ 500 personnes enthousiastes lui réserveront un accueil poli. Pour tout vous avouer, c’est nous qui bougeons le plus. Pas facile pour votre serviteur, habitué des pits survoltés de supporter la passivité d’un public qui apprécie sans manifester outre mesure sa ferveur.
Si la première chanson (Tu joues toujours) est identique, la suite du concert va nous proposer une set list fortement revisitée et améliorée (Le menteur de métier , Oublier, Follow the line et le superbe Les ours blancs ont été incorporés).
Le dosage s’avère des plus convaincants et si l’excellent dernier album Fort rêveur est fort heureusement mis en valeur, les classiques ne sont pas oubliés : L’histoire du loup dans la bergerie ; Jacobi marchait ou Encore.
Impossible à ce stade de ne pas évoquer le guitariste d’exception qui accompagne Charlélie : Karim Attoumane. Ce réunionnais n’est autre que le guitar héro du groupe de thrash death métal undustriel Zuul FX ! Inutile de vous préciser que même dans un tel contexte, les solos sont nombreux, rageurs, inspirés, aériens, divins quoi ! Les connaisseurs se délecteront également de quelques accords reconnus placés ça et là comme le final du Sweet Child O’ mine de Guns ‘n Roses!
Confirmation de cette divine surprise découverte à Montauban, le « petit Kravitz« , tant son look de pieuvre rasta nous fait penser à celui qu’arborait l’américain à la fin des années 90, nous abreuvera de notes improbables et d’attitudes métal à tout va. Un atout non négligeable et par ailleurs fort apprécié si l’on en juge par la belle et copieuse ovation qui lui est offerte lors de la présentation des musiciens.
Comme de bien entendu, le seul succès colossal de Charlélie est attendu et apprécié par tous. Comme un avion sans aile demeure et demeurera intemporelle : un régal! Pour clôturer cette divine soirée, le groupe nous la joue à la Angra, tous changeant d’instrument sur La vie facile. Charlélie est hilare, visiblement ravi.
Simple, abordable, instantanément disponible pour saluer les gens, sa bonne humeur pendant la séance de dédicaces est communicative. Son âme elle aussi a du talent. Quand Chédid chante Les absents ont toujours tort, je lui répondrai : souvent en tout cas! Comme quoi il fait bon parfois donner un bon coup de latte dans la fourmilière des préjugés…
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Chronique, photos, mise en page : Titi
Merci à Alain, sans qui, jamais je n’aurai su…
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Merci à Antoine et à toute l’équipe du Bikini.
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