

La plupart d’entre vous ignorent sans doute que Michael Starr, chanteur de Steel Panther était une sorte de clone de Diamond Dave. Il officiait alors au sein d’Atomic Punks, tribute band sidérant de la bande d’ Eddie Van Halen. C’était l’été 1996. J’étais alors à Los Angeles où le set du groupe m’avait éblouï. C’était une autre époque. Nous naviguions entre le Roxy, Le Troubadour et d’autres clubs moins huppés proche d’Hollywood boulevard. Le groupe se produisait à côté du Rainbow. Tous les soirs, Lemmy enchaînait les parties de pac-man juste au dessus du club où les filles se trémoussaient sur les hits de Mötley Crüe, Bon Jovi, Kiss, Ratt ou Cinderella. Le grunge était passé par là mais n’avait semble t-il eu que peu d’emprise à Hollywood où le Classic Hair Métal vivait encore des jours heureux…
Aujourd’hui, le temps d’une journée, Toulouse ressemble un peu à L.A. 23 degrés en plein hiver, un soleil radieux illumine les abords de la Garonne et confère au strass des fanthers encore plus de brillance. Elles déboulent de partout, de tout le grand Sud mais aussi de Suisse ou de Russie. Le gloss est de rigueur. Les couleurs aussi, rose et orange surtout, du genre bien flashy. Les mecs ne sont d’ailleurs pas en reste. Les perruques sont partout, de tous les styles, de toutes les teintes. Ce soir, ils ont sorti les bandanas. Une fois n’est pas coutume, je ne suis ce soir pas le seul à arborer le tissu noué autour de la tête. Mais le mien reste sobre et noir. Au dessous de la taille, le lycra est de rigueur. On a ressorti les spandex moules burnes (et moules chattes). Des teintés, des zébrés, welcome to glam land!

Dès le début de l’après midi, les fans de la panthère d’acier semblent se délecter d’une parfaite parcelle de bonheur au sein des vacances scolaires. Certains ont acheté des pass VIP qui leur permettent de poser avec leurs stars et de vivre l’expérience autrement, intensément.
Le grand écart, c’est aussi de passer de la mainstage 1 du Hellfest où le groupe a marqué les esprits en 2012 (voir ici) aux deux enceintes certes prestigieuses mais à taille humaine (Le Bikini et Le Bataclan) de cette tournée française. Deux escales hexagonales de leur tournée européenne qui débutent ce soir en notre contrée et dont nous nous délectons tant nous prenons le chemin du concert avec une banane absolue.


Ce sont les Hauts Savoyards de SLEEKSTAIN qui ouvrent le bal avec leur sleeze rock bien ciselé et qui met immédiatement le public dans l’ambiance festive de la soirée. Les compos sont efficaces à l’image du single Call me God qui a le don de faire remuer à l’unisson les cervicales des quelques 750 personnes présentes… Malheureusement, malgré une implication sans faille, les compos de leur premier et unique album Hard dont ils assurent la promo depuis presque un an (après avoir assuré la première partie de Crashdïet sur nombre de dates) peine à entraîner le public dans un délire qu’ils ne maîtrisent pas…La faute à un light show au delà de l’imaginable. Comment le chanteur Riff Raff (qui semble posséder un sens du déplacement et une présence certaine) peut-il communiquer dans ces conditions? Du jamais vu au Bikini… Le son reste correct, la salle se chauffe petit à petit au son de riffs bien rock’n roll livrés par le très convainquant Rob à la six cordes. Seul Shoot un dernier titre plus ambitieux extraira le combo de rythmes binaires et délivrera une jolie conclusion à un premier acte des plus corrects malgré une inexplicable mise en ombre…



C’est peu dire que la tournée porte bien son nom : Spreading the disease. Une maladie qui semble se propager avant que le rideau ne dévoile une belle architecture scénique alors que The number of the beast résonne dans les enceintes. Nos héros sont regroupés autour de la batterie qui surplombe le bel espace où deux escaliers sont surplombés de faux Marshall. Le vice est même poussé jusqu’à imprimer d’autres enceintes sur la draperie qui nappe le drum-kit! Tout ceci colle parfaitement au concept et contribue d’emblée à instaurer la bonne humeur qui sied à ce type de soirée trop rare dans la plupart des vies des fans hexagonnaux!

Que ceux qui cherchent l’originalité musicale passent leur chemin. STEEL PANTHER n’est que la somme de toutes ces influences allant du Crüe à Wasp en passant par Def Lep, Bon Jovi, Cinderella, ou autres Poison et Warrant. Ils reprennent tous les codes des mastodontes du métal, que ce soit dans les riffs, les mélodies, les thèmes (enfin, un seul thème chez eux!) ou les attitudes. On y retrouve tout ce qu’on a aimé par le passé, tout ce que l’on transmet aux très jeunes fans qui nous accompagnent désormais, tout ce que l’on n’a pas connu ou si peu et que l’on redécouvre grâce à ce groupe si spécial pour lequel deux albums (le troisième sort dans quelques jours) ont suffi à forger une réputation internationale. Et si celle-ci n’est pas seulement due à ses harmonies, force est de reconnaître que la bande son de la somme de tous les films pornos imaginés par les esprits les plus fertiles en matière de luxure regorge profondément de pépites plus tubesques les unes que les autres…

Débuter avec Eyes of a Panther puis enchaîner avec Tomorrow Night et Asian Hooker démontre la propension du combo à impliquer le public sur chaque refrain, lequel scandera chacun des hymnes à gorge déployée avec un entrain communicatif propice à ériger le terme de Métal Party au rang des subtantifs de Steel Panther.


Nous y sommes et nous nous en délectons. D’autant plus que le petit jeu du trio est parfaitement rodé, Lexxi Foxxx servant de souffre douleur au duo. En grande folle du métal, telle une précieuse ridicule blonde dont la propension de la coiffe à changer d’axe n’à d’égal que celle du personnage à paraître heurté par les vannes lancées par ses deux camarades, le bassiste nous fait son numéro avec brio et talent.
Du coup, entre le second et le troisième titre, c’est pas moins de 10 minutes de ‘mise au point’ sexuelle qui nous sont proposées. Une aubaine pour les photographes du pit! Notre temps est pour ainsi dire doublé… Si certains non anglophones peuvent se sentir exclus, Satchel déploie toutefois du creux de sa main quelques anti-sèches utiles dans la langue de Molière : ‘Montrez nous vos nichons!…’ ‘Qui veut lécher mes testicules?’ … Vous avez dit nivellement par le bas? Passez outre…
Le reste du show est à l’unisson : Sex and Rock’n roll distillés avec maestria, technicité mais aussi quelques overdubs de ci de là, voix rajoutées, échos, cœurs suspects et autres samples. Mais peu importe, le talent des californiens est indiscutable comme en témoigne les solos inspirés de Satchel et l’organe sans faille de la star Starr.
Outre une set list orgiaque ou grande place est donnée à l’excellent premier opus Feel the Steel, deux moments resteront dans les mémoires. Celui classique ou une vingtaine de poupées investissent la scène pour trois titres chauds bouillants où chacune pourra se déhancher avec timidité et pudeur ou bien déployer une belle dose d’exhibitionnisme avec en point d’orgue de p’tits shows lesbiens improvisés dont l’un s’avère muy caliente. Lick my Russian pussy on stage…

Second moment donc, lorsque Satchel distille ses conseils sur l’épilation du pubis, sans quoi la gent masculine est propice à avaler toutes sortes de poils pour vite ressembler à un … ZZ TOP! Hilarant surtout que le groupe enchaîne sur une pure improvisation du cultissime La Grange, comme quoi tout n’est pas si millimétré dans l’univers de nos panthères d’acier!

Des chansons inédites (trop mid-tempo à mon sens), on retiendra la tellement évocatrice Glory Hole « (« I don’t wanna know who’s sucking my cock tonight … I’m going to the Gloryhole tonight…« ) mais on regrettera que la folle Party de 90 minutes ne nous ait pas offert au moins les trois indispensables que sont Fat Girl et If you really love me et surtout le speedy Supersonic Sex Machine!
Quoi qu’il en soit, les désormais mythiques 17 girls in a row et Party All Day (Merci Bon Jovi, merci Kiss!) finiront par nous scotcher les neurones tant l’implication générale à disséminer ces refrains à l’unisson est jouissive. 

Il est 1 heure trente du mat. Il fait toujours bon. Sur le parking, nous ne sommes plus que quelques uns à échanger nos impressions sur le moment de pur plaisir que nos venons de vivre. Quelques plantureuses créatures ressortent du backstage. Après leur petites démonstrations scéniques, certaines se sont fait inviter à l’after show. La plupart sont déçues, elles n’ont même pas aperçu le groupe. Seule la belle brune Russe ressort avec une mine satisfaite
qui en dit long. Ce n’est pas tous les soirs que vos idoles vous convient au … grand écart …
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Chronique, photos, mise en page: Titi.
Merci à Olivier Garnier et à l’équipe du Bikini.
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LES PHOTOS DE STEEL PANTHER et des FANTHERS :