
Je vous vois venir… Chair de poule au Bikini! J’ entends déjà ceux qui n’étaient pas présents ce soir là y aller de leur commentaire : hey, il ne va quand même pas nous faire de l’émotionnel pour un concert de pagan-war métal!?!
Nous somme pourtant sur le point de vivre un de ses instants rares, de ceux qui vous propulsent vers un espace temps inattendu. Autant l’avouer sans plus attendre, l’idée de sortir, de faire la fête en ce jeudi 11 décembre ne me motivait pas plus que ça! Trop de concerts tue l’événementiel. Qui plus est, le traitement qui s’en suit commence à devenir épuisant: photos, chroniques, édition, promo du travail effectué, me voilà au bord de l’overdose….Pauvre chou!
Il y avait certes le plaisir de passer une autre belle soirée entre potes, de retrouver toutes ces têtes désormais plus que familières. J’ignorais toutefois encore que ce que la foule allait ressentir ce soir là allait m’emporter dans le plus enthousiasmant des tourbillons festif et interactif.
J’avais déjà vu TYR au Hellfest et n’accroche pas plus que ça à ce qu’ils proposent. J’aime beaucoup KORPIKLANNI mais ils passent et repassent tellement fréquemment qu’on a parfois l’impression d’ avoir fait le tour de la question. Quant-à SABATON, même s’ils viennent nous visiter pour la toute première fois en tête d’affiche dans la ville rose, leur dernière prestation au Hellfest date seulement d’un peu plus de 5 mois. Autant de raisons qui freinaient quelque peu mon enthousiasme. J’avais tord!
Il règne en fait dans l’enceinte comme un parfum d’aventure, quelque chose d’enthousiasmant. Si près de 1200 personnes se sont donnés rendez vous, la plupart n’en sont qu’à leur balbutiements live tant la moyenne d’âge est incroyablement basse. Jeudi jour des étudiants? Maxime vérifiée ce soir! C’est un peu comme si nous nous étions tous donnés rendez vous pour fêter un Noël païen ensemble au son de grosses guitares (mais pas seulement…)
Autre bonne nouvelle : les photographes n’ont ce soir aucune limite de titres et peuvent shooter durant toute la longueur des trois shows: c’est royal! On peut ainsi prendre notre temps devant, se déplacer, revenir, retrouver des amis, monter à l’étage et se repositionner à nouveau entre les artistes et la foule dont le premier rang est occupé de tant de visages familiers. Des consignes très libres qui témoignent de la part de l’orga et des managements d’une non prise de tête qui s’apparente on ne peut mieux aux attitudes qui vont suivre sur scène.

Certes, les quarante minutes des féringiens de
Týr ne révolutionneront guère l’univers du viking métal mais constitueront une très honorable ouverture pour cette soirée déjà placée sous le signe de slams abondants et de headbangings féroces. Seuls les looks des deux guitaristes peuvent s’apparenter au heavy traditionnel, particulièrement celui, très travaillé, du très pretty
Terji Skibenæs. Idem pour
Heri Joensen mais le principal, sa voix, a du mal a s’avérer convaincante. Les compos restent en dedans. Beau décor, superbes mise en lumière mais ce groupe aura du mal à franchir le stade d’opening band… Nous aurions tant aimé entendre la sublime ballade
The lay of our love mais la présence de
Liv Krystine n’était qu’un doux rêve. Bref, une introduction plus que correcte à l’univers nordique…


Beaucoup de jeunes gens sont venus pour
Korpi. Ils vont en prendre pour trois quart d’heure, pas plus, guest band oblige! Quand on pense que le groupe a attiré à lui seul plus de 500 personnes en tête d’affiche en ce même lieu en 2013 (
lire ici Résidence secondaire) ainsi qu’en 2012 (
story ici : Le bal des hommes des bois), c’est tout de même curieux de les applaudir sur un set si court. Qui dit court ne dit pas pour autant moins intense, bien au contraire! Si les trois premiers titres me paraissent moins en place, le groupe qui évolue au sein d’une structure scénique soignée avec plusieurs backdrops ne va pas tarder à imposer son rythme de farandoles métalo-folkloriques à une foule transcendée par l’énergie qui se dégage du sextet. Curieusement, c’est la nouvelle chanson mid tempo
Sahti qui propulsera la prestation des finnois dans cet univers pagan folk à la chaleur communicative. Je retrouve alors
Indy qui m’explose de rire en stigmatisant le groupe tel les
Village People du style.

– Regarde les, comment peuvent-ils être aussi disparates? Tu as le danseur traditionnel, le gratteux échappé des 70’s, le Tzigane qui sort de sa roulotte, le chanteur rock star aux dread locks et le must : la bassiste biker aux pieds nus et potelés! Un véritable tableau de maître!
Ceci dit, la formule s’avère gagnante tant la folie s’empare du Bikini. On ne tient plus la foule.
Vodka propulse le thermomètre en des degrés inappropriés et l’ambiance ne fléchira guère sur le fin du set où des titres comme l’indispensable
Rauta provoquent une jouissive hystérie collective. Vous cherchez un groupe pour chauffer votre salle? Sauna garanti avec
Korpiklanni.

Après ces 45 minutes exaltantes, nombreux sont ceux qui étaient venus pour les finlandais et pensaient avoir d’ores et déjà réussi leur soirée. La plupart sortent pour se désaltérer.
Sylvie dont c’est l’anniversaire retrouve
Camille, Chris et
Adrien au premier rang. Je croise
Thibault. Il est accompagné de la charmante
Juliette au sourire enjôleur. C’est son tout premier concert. A 17 ans, il était temps qu’elle vive enfin son ‘décucelage live’. Radieuse, elle n’est pas au bout de ses surprises et ne sera pas la seule âme médusée par les sensations qui vont suivre.

Le décor impose le respect, principalement constitué d’un tank monumental sur lequel est jonchée la batterie de
Hannes Van Dahl. Juste derrière, un immense backdrop dévoile le logo des Suédois tandis que l’hymne éternel d’un des plus célèbres combos du pays retenti et ouvre le bal :
The final Countdown d’
Europe.

Nous voilà prêts pour la guerre. Tous en pantalons de combat, le groupe ouvre les hostilités avec le tonitruant
Ghost Division suivi par l’imparable
To Hell and back et de l’énergisant
Carolus Rex. Ceux qui étaient venus pour
Korpiklanni semblent sous le choc tandis que les premiers rangs rentrent en transe. La possession ne fait que débuter et va littéralement s’emparer de l’ensemble du Bikini qui explose comme un seul homme. Ça sautille à l’unisson, ça chante, ça respire juste le bonheur de partager une alchimie rare qui opère dès les premiers instants. Seul bémol, l’abus de samples en lieu et place d’un véritable clavier qui parait désormais indispensable au combo.
Si
Joakim Brodén impose une personnalité qui captive l’auditoire et capte tous les regards, ses compères aux cheveux longs et aux looks similaires et différents du sien ne sont pas que de simples figurants. Si le barbu bassiste
Pär Sundström fait partie de l’aventure depuis le début, il ne parait pas le moins surpris par l’accueil démentiel réservé à nos guerriers préférés.


Des «
Sabaton, Sabaton » retentissent dès que le combo tente de reprendre son souffle. Si les nouveaux guitaristes
Chris Rörland et
Thobbe Englund ne cachent pas leur joie, le plus touché reste sans nul doute
Joakim. Ce groupe est son bébé, son oeuvre. Une soirée telle que celle-ci lui prouve qu’il l’amène sur le bon chemin, au firmament du métal. Son corps témoigne de son émotion, il veut apprendre le terme français de ce qu’il ressent. L’interaction est totale. Le voici qui interroge la foule. Il s’approche, passe au dessus de nos têtes de photographes privilégiés et met son oreille près de celui qui lui glissera ce qu’il finira par retenir de ce concert hors normes au niveau de l’interaction :
Chair de poule!

Chaque titre devient désormais prétexte à d’impressionnants mouvements de foule. L’énergie qui s’en dégage se convertit en slams pas toujours suffisamment maîtrisés. Fanny en fera malheureusement l’amère expérience : lunettes cassées, traumatisme crânien, elle fut obligée de quitter les lieux en larmes et à contre cœur. Les slams ont leur limites que la raison ignore.
A l’inverse, d’autres maîtrisent depuis quelques concerts un
Human Surfing qui trouvera son apogée lors de ce concert.
Romain, chapeau de père Noël sur ses longs cheveux,
surfe sur
Baptistin, lui même porté par la foule.
Joakim reste médusé, incrédule. Le voilà qui promet à notre
Santa Claus local ses sunglasses qu’il ne manquera pas de lui offrir quelques titres plus tard. Regardez ici
Born Toulouse, hommage appuyé du groupe au public toulousain….Ne loupez pas non plus
cette vidéo de Métalden…

La fête est totale, le mix des nouveaux titres et des classiques s’avère imparable : bras tendus, mains qui frappent à l’unisson, vrombissent dans une enceinte qui en a vu passer tant d’autres mais dont le souvenir de ses instants hantera longtemps son mur du son et des émotions.

Adrien semble hors de lui même, Muriel jubile, Sylvie et Camille restent radieuses malgré les corps qui leur passent dessus… La sécurité est obligée de réagir et de stopper certains slammeurs : ‘Si je te revois, ce sera la porte’. Mieux vaut prévenir que guérir…
En terme d’interaction, les suédois vont franchir un nouveau cap,
Joakim proposant tour à tour à la foule de choisir tel titre ou tel autre ou mieux encore : décider si telle chanson (
Got mit uns) sera interprétée en anglais ou en suédois, la langue de Shakespeare perdant haut la main le duel!

Energie dévastatrice, refrains imparables, adhésion totale semblant aller crescendo comme en témoignent le très power spirit
40:1 et ses petits breaks solos ou encore
The art of War et son braveheart circle spontané, tout est réuni pour que la soirée s’avère exceptionnelle.
C’est peu dire qu’elle le restera jusqu’au bout de ces bien trop courtes 95 minutes qui se concluent avec les imparables et explosifs classiques
Primo Victoria ainsi que
Metal Crüe qui laissent le public retrouver la réalité sans qu’il comprenne vraiment l’impact de la parenthèse enchantée dont il vient de se délecter,
Fanny mis à part, malheureusement…
Ce trimestre titanesque se poursuit en fanfare dans la ville rose. On en voit presque le bout mais une chose est sûre : nous avons vécu ce soir un des plus intenses et des plus beaux concerts de cette année 2014.
Sabaton, longtemps s’en souviendra aussi.
Toulouse lui a rendu quelques vibrants hommages ainsi qu’une perpétuelle
chair de poule…

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Chronique, mise en page, photos : Titi.
Merci à Antoine, Robin et à toute l’équipe du Bikini.
Merci à Metalden pour la set list et les liens video.
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LES PHOTOS JATA DE SABATON ET LA SET LIST :
LES PHOTOS JATA DE KORPIKLANNI :
LES PHOTOS JATA DE TYR :
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