Entre THIN LIZZY et TARJA, ce milieu du mois de février est riche de belles soirées métalliques au Bikini. Comme par magie, le froid polaire de ces derniers jours laisse une ouverture vers une douceur fort appréciable. Voilà qui n’est pas pour nous déplaire avec ce soir une belle affiche de métal progressif. L’affluence peut paraitre moyenne pour cette belle salle (environ 400 personnes) mais n’est ce finalement pas, vu le style, un succès de plus à mettre au crédit de la ville rose et surtout de l’association Les Souffleurs De Tête? Les voici merveilleusement récompensés de leur investissement, de leur passion, de leur dévotion because, yes cela s’avère en fait une vraie réussite, tant PAIN OF SALVATION, aussi talentueux, hypnotique et fascinant soit-il ne jouit pas vraiment d’une grande renommée en France.
Le chanteur (également pianiste puis bassiste) très énergique et motivé, se comporte déjà comme un vieux briscard du haut de ses 22 ans et n’a aucune difficulté à se mettre rapidement le public dans la poche. Plus discrets, ses deux compères à la guitare et à la batterie font preuve d’une belle présence, assortie d’une technique sans faille. Le trio innove, la mise en scène est déjà rodée et le public ne tarde pas à vivre l’instant au diapason. Le show monte en puissance tant est si bien qu’on ne voit pas passer les 45 minutes de plaisir que l’on vient de vivre. Une très belle surprise que ce CRYPTEX qui oscille entre Marillon et Rush. Nous leur souhaitons sincèrement le meilleur! Vraiment, un groupe très intéressant et attachant, à redécouvrir très vite!
Mais nous voilà rapidement rassurés, quasi bouche bée, pour ainsi dire émerveillés par la qualité du set présenté ce soir. Encore une fois, la salle du Bikini s’avère l’écrin millimétré d’un tel joyau! La qualité sonore du show, tout aussi impressionnante que lors du set d’Anathema l’année dernière, nous propulse dans une sphère parallèle où les ambiances les plus fluides s’entrechoquent avec la puissance de riffs acérés, merveilleux contrepoints à d’onctueuses mélodies emplies de sincérité et d’émotion. Le groupe, particulièrement équilibré se réjouit de l’accueil, parait touché, enchanté. Le partage n’est pas un vain mot.
Sans prise de tête, les enchainements se font ‘à la bonne franquette’, bercés par un humour constant, le batteur toulousain de la formation, Leo Margarit traduisant à souhait les propos du charismatique leader, le chanteur Daniel Gildenlow. Ce n’est qu’en écrivant ces lignes que je réalise, stupéfait, que ces deux là, sont les seuls rescapés du groupe depuis le Hellfest!!! D’autant plus hallucinant que la complicité et le vécu saute aux yeux. Si Daniel est l’âme du groupe, le créateur, l’icone (comment ne pas songer à Jim Morrisson?), il ne fait aucun doute qu’il est aussi une sorte de génie du métal progressif. Posters et affiches sont proposées à son unique effigie. Lui et ses comparses (dont le bassiste et le clavieriste ne sont, semble t-il, que des musiciens de session) nous en donnent preuve sur preuve de titres en titres. Une grande découverte vous dis-je!
Si le groupe déploie cette exceptionnelle technique, il n’en fait malgré tout jamais trop, ce qui est plus qu’ appréciable. On fond littéralement devant la complémentarité des deux voix. Celle de Daniel (feutrée à la Peter Gabriel ou proche d’un Steve Hogarth), alterne sobriété et puissance.
Elle est secondée, doublée, couplée ou juxtaposée avec une précision d’orfèvre avec l’organe, haut perché, du merveilleux guitariste blond : Ragnar Solberg. Tous deux paraissent comme envoutés par les mélodies qu’ils nous offrent, quasi possédés par la puissance émotionnelle qui se dégage de leur art tout en intériorisant leurs émotions. Les néophytes dont je suis sont très loin d’imaginer que ce jeune islandais fut recruté par Daniel en janvier dernier, il y a à peine plus d’un mois! Fascinant! Bonne pioche: Ragnar est un petit génie de 25 ans fort de plusieurs albums avec son premier groupe Sign puis en solo. Il ne vit que pour son art depuis toujours, joue de la six cordes depuis l’âge de un an. Ça se sent, ça se ressent, on s’en délecte! Comme une cerise sur le gâteau, comment ne pas se réjouir en rappel du Black Diamond de KISS, magistralement chanté par Ragnar avec Daniel derrière les futs? Récréatif pour le groupe, jouissif pour le fan que je suis. Quelques titres de plus et le groupe nous quitte après deux heures de show devant un public conquis par des merveilles telles que l’émouvant No way, Chain Sling ou encore Kingdom of loss sans oublier Ending Theme(filmé lors de ce concert).
Simplement, ils n’hésiteront pas à nous rejoindre peu de temps après, délirant sur mon cuir Kiss et prenant la pose avec tous ceux qui le souhaitent. PAIN OF SALVATION a non seulement démontré ce soir qu’il méritait d’être aux cotés des plus grands du métal et du rock progressif mais a aussi fait preuve d’une disponibilité, d’une proximité et d’une humilité absolues!