

J’ai découvert Lacuna Coil début 1998 sur un sampler Hard Rock magazine alors que le groupe sortait son tout premier EP. J’ai tout de suite accroché et la voix de Cristina y était forcément pour beaucoup. De toute façon, pour tous ceux qui se complaisent à critiquer les italiens je n’aurais pas grand chose à rétorquer à part que j’aime leur musique et qu’elle m’a toujours procuré de sublimes sensations. J’avais 15 ans… J’étais alors en seconde !


En rentrant dans le Metronum ce mardi soir, c’est empreint de sentiments contradictoires que je m’apprête à rattraper 20 ans d’attente : excitation et appréhension, nostalgie et soulagement se couplent et me rappellent à quel point notre existence est faite d’ascenseurs émotionnels. Mais ce que je ne sais pas encore c’est que cette fois je suis sur le point d’atteindre le sommet d’un gratte ciel.





Si je dois admettre que je n’ai jamais été intéressé par ce combo et le pagan en général (si l’on excepte l’occasion de faire une farandole à 3 grammes en festival), le style de Cellar Darling s’avère bien plus intéressant. C’est du métal mélancolique teinté de sonorités celtiques. L’atout numéro un du groupe, c’est la voix cristalline de la chanteuse. Elle ne cherche jamais à en faire trop. Son timbre se rapproche de celui de Beth Gibbons de Portishead, privilégiant la mélodie et surtout l’émotion à la performance technique, ce qui donne tout de suite énormément de personnalité à son combo. La musique est tantôt lente et sombre, tantôt enjouée et lumineuse, le tout sublimé par les subtiles interventions de l’instrument étrange situé juste devant moi, qui ressemble à un sitar couplé avec un clavier d’accordéon. Dans les moments les plus mélancoliques, je ferme les yeux et je décolle l’espace d’un instant, preuve que leur musique me touche. Bien que l’ensemble soit au final un peu « mou », surtout si on le compare à ce qui nous attend juste après, mon ressenti s’avère au final très positif. Ce nouveau groupe me semble vraiment avoir une âme et un potentiel réel. J’irais écouter leur album pour m’en faire une idée plus précise mais leur prestation ce soir m’aura agréablement surpris.



Pas moins de 7 titres sur les 14 que compte l’album vont être interprétés ce soir! Quand on sait que c’est de loin la production discographique la plus lourde que le groupe ai jamais sorti, le ton est clairement donné. Le son est simplement parfait. On a presque l’impression d’entendre les albums avec une puissance démultipliée. A la basse, Marco, le fondateur du groupe, montre la voix aux petits derniers installés à la guitare et à la batterie. La rythmique est d’une efficacité sans faille et le trio musical nous atomise à chaque riff. Du métal pour minettes ? C’est plutôt de la vieille chatte crasseuse qui a parcouru plus de bornes qu’un marathonien et pas de la sous marque Hello Kitty qui vient de tester son premier tampon au format S. Cette petite parenthèse dégueulasse jure parfaitement avec la grace et l’élégance de Cristina.

Ne pas reconnaître que la sublime chanteuse éclipse tout sur son passage serait bien malhonnête. Cela rajoute d’ailleurs du mérite aux autres membres qui, si l’on excepte le guitariste, se donnent à fond pour tenter de lui tenir la dragée haute. C’est particulièrement vrai pour Andreo, objet numéro un de toutes les diatribes envoyées généralement en direction du quintet. L’opposition entre sa voix et celle de Cristina fait justement la personnalité du groupe. Sans lui, Lacuna Coil serai juste un autre groupe à chanteuse, certes exceptionnelle, mais pas le pionnier incontesté du duo vocal masculin féminin contrasté que des dizaines de suiveurs ont repris!

Andreo a beaucoup plus de présence scénique qu’on voudrait bien le croire et ses interventions sont justes et calibrées, à défaut bien sûr de toucher le divin comme y parvient la muse qui sévit à ses côtés. Son principal défaut réside surtout dans le fait qu’il ne peut tenir la comparaison avec Cristina. Rendons lui cependant hommage car il n’a jamais abandonné le navire malgré les moqueries et tous les fans… Il fait logiquement partie de l’âme du groupe.



Au final le show est vraiment carré, puissant, enjoué, il dégage une impression de maîtrise flamboyante et bien sûr la front woman nous abasourdi par son charisme exacerbé. On en redemande! Seul défaut, ce set fut tellement intense qu’il nous aura semblé un peu court.

Le temps d’un rappel de trois titres débuté par un single inédit sur le thème (pas du tout d’actualité) de Noël avec bonhomme de neige gonflable à l’appui, le groupe achève sa prestation sous les yeux d’une audience médusée. Lacuna Coil a été plus qu’à la hauteur de nos espérances et bien mal avisé serait celui qui oserait dire le contraire.
20 années d’attente se sont donc achevées ce soir en beauté grace à SPM et au Metronum. Les 400 ou 450 fans présents les en remercient chaleureusement! Cette soirée restera gravée dans ma mémoire et nul doute qu’on en reparlera dans encore 20 ans. Lacuna Coil nous aura laissé le goût exquis du devoir accompli avec professionnalisme et foi, assumant son statut de poid lourd du style et claquant fermement le beignet de ses détracteurs. Une soirée de plus au firmament de l’extase musicale et une nouvelle tranche de vie qui, à n’en point douter, sera de nature à réveiller le nostalgique qui sommeille en moi d’ici quelques temps.
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Chronique : Add Rien
Photos : Tweety
Traitement, mise en page : SB
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