Comment expliquer l’inexplicable ? Pourquoi une telle affiche, d’une qualité à faire pâlir un suédois resté dans le désert du nouveau Mexique durant la plus torride des journées d’été ne fait pas le plein. Pire que cela, c’est à peine un peu plus d’une centaine de fans qui se déplaceront ce soir pour assister à quatre prestations de haut vol dont celle de la tête d’affiche, l’ autre groupe du légendaire guitariste Michael Amott (Carcass et surtout Arch Enemy), le mélodieux combo stoner aux accents seventies : SPIRITUAL BEGGARS.
Constat d’autant plus sidérant que la promo distillée par SPM paraissait parfaite et que, dans un registre proche de celui-ci, Red Fang puis Baroness cet été, pourtant un brin moins prestigieux, avaient frôlé le sold out à La Dynamo!
Dieu que ce dimanche est triste. Jamais la place Saint Pierre, lieu chaud bouillant de la ville rose n’a affiché un aspect aussi désertique. 18 heures, nous sommes sur les lieux, il doit y avoir moins de 10 personnes devant la salle. Ça sent pas bon la fiesta métal!
C’est donc avec un quart d’heure de retard, à 18h30, devant un public maigre comme une bimbo anorexique que se présente la révélation de la soirée, les bittérois de MEPHISTO… Un petit groupe de Béziers pour ouvrir la soirée? Que nenni! Une claque monumentale qui trouverait sa place sur n’importe quelle mainstage de festivals internationaux tant la maitrise est totale, le son est fin, précis, ciselé et les compositions impressionnantes de maturité! 
Si MEPHISTO oscille entre différents styles englobant dans son propre hard rock des influences seventies, un brin psyché mais surtout un stoner heavy d’une paradoxale légèreté, il convainc par son coté progressif qui confère à l’entreprise une envoutante addiction. Tant et si bien que les quelques personnes présentes semblent sidérées dès l’entame du set avec un What can I do? sidérant tant ce choc émotionnel s’avère être la belle surprise que nous n’attendions pas! La voix type grunge est précise, puissante, maitrisée, magnifiquement secondée par des nappes planantes de clavier harmonisant la lourdeur des guitares. Vite SPM, ramenez nous Mephisto dans la ville rose avec le rang dù à leur immense talent. Comme quoi la France n’a pas fini de nous livrer ses secrets.
Heureusement pour OIL CARTER, le public a plus que doublé durant le court intervalle. Il s’est rapproché aussi… Pensez donc, à notre gauche, une jolie pôle danseuse déploie des arguments qui détournent certains regards de la scène. Déterminés, les toulonnais ne vont pas faire dans la dentelle. Ils envoient du gras, du lourd, un heavy métal inspiré (regardez Something start here ou The punisher) dont le public semble friand tant la réponse est enthousiaste. 
Servi par un chanteur impliqué, charismatique et cohérent avec l’aspect roots de son hard rock, le groupe semble décidé à démontrer qu’il n’a pas fait le déplacement pour rien et s’emploie à partager le plaisir qu’il pend de toute évidence sur scène. Sans qu’il n’y ait quoi que ce soit d’original et encore moins de révolutionnaire, la mission s ‘avère accomplie haut la main, nous offrant notre second moment de plaisir de la soirée…
La salle est désormais correctement remplie avec plus d’une centaine de personnes quand les allemands de ZODIAC investissent l’espace temps qui leur est imparti. Sous un light show d’un vert émeraude, nous sentons déjà que l’atmosphère se compactise d’autant plus que certains de nos amis et proches sont enfin arrivés. 
Pourtant, le début du set en laisse plus d’un perplexe et il faut attendre le troisième titre pour entrer totalement dans cette atmosphère teintée d’un savoureux revival seventies où le feeling commence à opérer. C’est peu dire que cette reprise du Blue Jean Blues de ZZ Top est ici magnifiée. Le groupe de l’excellent guitariste-chanteur Nick Van Delft nous transporte vers des racines blues dont chaque son nous fait voyager sur les traces d’une époque qui ne semble pas vouloir tirer sa révérence. Avec cette sorte de Scott Gorham touch, Thin Lizzy ou le récent The Answer ne sont pas si loin. Dès lors, chacune des compositions originales qui suivra trouvera toute sa dimension et grâce à nos oreilles jusqu’à ce que l’hypnotique Coming Home, s’éternisant et progressant à souhait pour notre plus grand bonheur (près de 12 minutes!), vienne clôturer une prestation qui nous aura convié au sein d’un univers dont il n’est pas évident de se détacher dès lors que la magie a opéré. Décidément, le plateau que nous propose SPM en ce dimanche soir s’avère magistral.
Et dire qu’il nous reste encore le plat de résistance : SPIRITUAL BEGGARS, rien que ça !
Malgré les circonstances, la température monte de plusieurs degrés. Pensez donc, si certains ne sont venus que pour voir des stars à un mètre, il y a quand même quelques vrai fans du groupe, des gens qui possèdent les albums depuis toujours et rêvaient d’une telle opportunité dans leur ville. Vu du premier rang, la salle semble remplie tant sueur et moiteur s’invitent enfin aux festivités. Avec les staff et les autres groupes, on doit quand même dépasser les 160 personnes. M’ouais, c’est minable mais ça ne va empêcher personne de prendre un plaisir absolu. D’autant plus que l’illusion opère; nous voilà envahit par cette onde magique et subtile que l’on ressent dans les grandes soirées.
Fan du groupe suédois depuis l’album Mantra sorti en 1998, c’est donc quinze ans après avoir découvert ce groupe que mon ami Adrien va enfin avoir le privilège de les voir en concert. Paradoxe : SPIRITUAL BEGGARS est surtout connu pour son guitariste, Mike « Arch Enemy » Amott, alors qu’il existe depuis 1993 tandis qu’ Arch Enemy n’a vu le jour qu’en 1995. Habitué à jouer devant des foules conséquentes, notamment en festivals, Mr. Amott se produit en ce dimanche soir dans une ambiance confinée, statut dont il semble ne pas vraiment faire cas et même se délecter. Pour nous qui sommes au premier rang, quel privilège de savourer, de dévorer des yeux et des oreilles ses solos d’un autre monde. Mais Michael est loin d’être le seul atout de ce « super groupe ». Outre la bassiste Sharlee D’Angelo plus caverneux que jamais (Arch Enemy lui aussi), nous avions déjà apprécié le nouveau chanteur du groupe, le grec Apollo Papathanasio, au Hellfest avec Firewind. Ce soir, il donnera toute sa dimension, s’avèrera impressionnant, souriant, tel celui qui a enfin trouvé sa place dans le groupe qu’il souhaite défendre, dans ce style qui semble bercer tant d’artistes métal contemporains tant il demeure la source, le berceau de toutes les inspirations. Notre musique vient des années 70 et l’esprit des Deep Purple, Uriah Heep et autres Hawkwind s’avère magnifié par ces dignes héritiers que sont Spiritual Beggars mais aussi Kyuss, Red Fang, Karma to burn et tant d’autres…
Si Appollo est le plus sympathique, le plus proche du public, tous s’avèrent particulièrement impliqués et défendent ce projet qui leur tient au cœur et aux tripes à l’image de Per Wiberg dont le son d’orgue Hamond à la Purple s’avère magistral et confère à l’entreprise un cachet qui se démarque allégrement des autres ‘stoner bands’. Le groupe nous proposera des morceaux balayant l’ensemble de sa discographie (aucun des huit albums n’est oublié, voir ces trois titres en vidéo ou encore celui-ci) et même si peu d’entre nous sont des spécialistes, les mélomanes qui se sont déplacés ne tardent pas à manifester leur enthousiasme. 
D’autant plus que la Amott touch, c’est encore plus de finesse, de fluidité, d’inspiration post 20th century dans ces mid tempos lourds à la basse écrasante. L’ambiance est chaleureuse, moite et ça bouge bien sur scène comme dans la fosse. Si certains sont venus uniquement pour voir Mike Amott et ne connaissent rien ou presque au répertoire de Spiritual Beggars (comprenez ceux avec les t-shirts Arch Enemy), nombreux sont les amateurs avisés de Stoner qui repartiront avec un excellent souvenir de cette soirée. D’autant plus que les suédois nous offrirons 90 minutes de plaisir et non 75 comme prévu, le tout se terminant tard dans la nuit de la manière la plus sympathique qui soit avec une rencontre des 5 musiciens à leur sortie des loges pour quelques échanges des plus chaleureux d’autant plus que Michael (beaucoup ne lui parlent que d’Arch Enemy !), Appollo et Per sont particulièrement affables. En plus d’être des musiciens hors-pairs, ces figures de la scène métal européenne sont également des personnes éminemment sympathiques !
Mais où étiez-vous donc, amoureux de riffs en tout genre, lourds ou savoureux, gras ou subtils, que faisiez-vous ce soir fans de belles voix, d’organes chaleureux, de batteurs habités ? Quand on songe à tous ceux qui se seraient délectés de telles prestations, qui auraient humé l’âme d’une époque intemporelle, force est de constater que l’absence de curiosité a dû se conjuguer avec une date pourtant pas si mal placée. Pourquoi ce soir? Les réponses restent en suspens! Il vous restera le Hellfest pour vous rattraper. Quoi qu’il en soit, pour tous les acteurs et spectateurs du soir, voilà un acte qui fut loin d’être manqué…
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Chronique, Photos, mise en page : Titi
Merci à Adrien pour le squelette concernant Spiritual Beggars.
Merci à Fred et à toute l’équipe de SPM et su Saint des Seins
Merci à MetalDen pour les vidéos postées sur youtube.
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LIENS :
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